Avez-vous des élèves qui souffrent d’endométriose ? Ont-elles vu une amélioration de leurs symptômes avec le yoga ? et si oui, quelles postures en particulier, les soulagent ?
Bonjour, Je ne réponds pas tout à fait à la question mais je souhaite faire état d un lien que j 'ai eu avec Endo France il y a quelque temps. Cela concernait les contre indications:
En période de règle pas de torsion ni d’inversion.
Concernant les inversions, il semble que certains diaphragmes soit ( poreux) et en cas d’inversion , cela pourrait faciliter la diffusion de l’endométriose dans d
'autres tissus que l’endomètre. En tous cas je pense qu’un travail sur le souffle peut être salutaire pour réduire les douleurs. Bien amicalement AM
Merci beaucoup pour cet éclairage !
Bonjour ! J’ai des élèves qui ont de l’endometriose et j’ai suivi une formation EndoYoga.
Ce qui semble le plus bénéfique au niveau postural/mouvement est tout le travail de mobilité au niveau du bassin/hanches/lombaires. Il y souvent beaucoup de tension, contractures,douleurs,adhérences dans cette zone et tous les mouvements ciblés soulagent beaucoup. (Chat/vache, cercles bassin, cercles hanches etc…).
Les postures où il y a soulagement de la pesanteur pelvienne sont intéressantes aussi (posture du chiot, 1/2 pont avec léger support sous le bassin)… plutôt hors des règles.
Les flexions avant, douces, plutôt en mode Yin, sont souvent appréciées pour l’effet apaisant. Mais la compression au niveau du ventre peut être désagréable pour certaines ou selon le cycle.
Les pratiques de pranayma, meditation,relaxation sont aussi très precieuses dans le soutien à la maladie chronique (stress, fatigue…).
Merci pour vos partages .
De mon côté je voudrais ajouter quelques notions à ce que j’ai déjà lu et que je ne répète donc pas ici.
L’endométriose a été justement abordée au congrès Respirations de l’Institut de Gasquet en nov 24 à Paris (Dr Pierre Collinet).
Vous pouvez visualiser les lésions d’endométrioses comme des plaies diffuses qui saignent lors des règles. Les symptômes douloureux surviennent donc surtout lors des règles.
10% des femmes en âge de procréer sont concernées, ce chiffre, déjà énorme, augmente :
- car le traitement médical de l’endométriose est le contraceptif oral, or de moins en moins de femmes prennent un contraceptif oral
- première grossesse + tardive
- facteurs environnementaux (C02 dans l’air)
1 femme sur 10 en âge de procréer…vous serez donc concernés dans vos cours de yoga.
-
Mon expérience : la douleur peut être telle qu’elle ne permet plus les pranayamas lors des crises. Il y a une inhibition du transverse abdominal par la douleur. La respiration est comme "coupée " par la douleur. Réussir à allonger l’expiration, engager le transverse (par exemple en quadrupédie sur les coudes pour la déclive ou allongé sur le côté) est un excellent moyen de travailler par le corps sur la sensation de douleur.
-
même Shavasana peut être difficile à supporter (la douleur chronique « remonte » à l’esprit très vite)
-
il faut distinguer les temps très douloureux (règles) ou l’objectif est l’apaisement. En dehors des crises, un travail de fond va être possible => entretien de la mobilité, renforcement musculaire, schéma corporel…
-
il peut y avoir des lésions sur le diaphragme, elles sont très rares (1% des cas d’endométriose). Il faut visualiser l’endométriose comme des tâches douloureuses pouvant être diffuses et pas uniquement sur le petit bassin => tout l’abdomen + diaphragme possible, majoritairement du côté droit (par l’organisation des fasciae et le ligament falciforme du foie) avec donc des douleurs possibles de l’épaule droite dues à l’endométriose (majorées pendant les règles).
-
le traitement ne se conçoit pour moi qu’avec le soutien et le suivi d’un gynécologue.
-
le yoga sera une aide mais pas un traitement, il est normal de se sentir impuissant face à ces douleurs.
Il n’y a actuellement pas d’explication scientifique à la diffusion de ces lésions => il y a 3 théories : reflux lié au péristaltisme, diffusion par des voies embryologiques ou lymphatiques… donc pas de preuve médicale que les inversions ou les torsions favorisent la diffusion, mais dans le doute…
Voilà, j’ai très envie d’approfondir ce sujet qui m’a souvent mise en difficulté avec mes patientes. Merci pour la question, n’hésitez pas à commenter encore.
Muriel
Effectivement je me sens impuissante face à cette pathologie ! Merci de préciser que c’est normal. En tant que kiné formée et périnée et en yoga, certains gynécologues m’envoient leurs patientes.
Parfois elles me disent que les séances leur font du bien, mais parfois elles arrivent totalement découragées. Je garde en tête que la pratique du yoga et la rééducation ne peuvent pas tout, une aide précieuse dans la connaissance de soi (sa respiration, son corps…) c’est déjà bien !
Je vais faire un tour sur le congrès De Gasquet : je ne savais pas que l’endométriose y était abordée.
Merci.
Lors d’une formation, je discutais de ce sujet avec une prof de yoga qui souffre d’endométriose. Ce qu’elle m’a dit aussi, rejoins ce que vous dites plus haut : c’est que le yoga ne peut pas toujours soulager les symptômes, ni la douleur. Parfois elle a des crises qui sont très handicapantes. Mais elle m’a dit quelque chose qui a retenu mon attention. La pratique du yoga lui permet de mieux vivre la douleur. Elle accepte que rien ne l’enlève à 100%, mais le yoga lui apporte énormément physiquement et mentalement et l’aide à vivre « avec ». Ça lui a permis de trouver un nouvel équilibre, une allostasie en quelque sorte.
exactement, d’ailleurs c’est drôle c’est la conclusion de mon prochain article dans Infos Yoga… donc je ne vais pas déflorer, mais on peut dire qu’on améliore la qualité de vie, ce qui est un objectif plus réaliste (et donc probablement plus motivant à long terme pour le patient qui ne se sent pas en échec) que de vouloir effacer la douleur par le yoga.